En 2016 en France, 123 femmes et 34 hommes ont été tué(e)s par leur compagnon, compagne ou ex-conjoint(e), d’après les chiffres de La lettre de l’Observatoire National des Violences Faites aux Femmes. Si les atteintes physiques sont répandues, elles ne sont pas les seules violences qui peuvent exister au sein du couple. Voici quelques exemples, non exhaustifs et tous condamnables par la loi, de différentes formes de violences conjugales.
Les violences physiques
Ce sont les formes de violences auxquelles on pense spontanément quand il s’agit de violences conjugales. Pourtant, dans les situations de violences conjugales, la violence physique n’est pas systématique. L’agresseur utilise la violence physique quand il estime que sa ou son partenaire est trop indépendant(e) et qu’il n’a pas d’autre moyen de contrôle, d’après la Fédération des Centres de Planning Familial, un collectif belge. Il s’agit d’infliger des coups et des blessures à l’autre sous de multiples formes : secouer, serrer, frapper, immobiliser, gifler, plaquer contre un mur, mordre, tirer les cheveux, étrangler, lancer des objets, blesser avec une arme. Cet usage de la force permet à l’agresseur d’intimider la victime et de la priver de certaines de ses libertés. Cette dernière se sent vulnérable et se renferme : les coups laissent des marques physiques, mais aussi psychologiques.
Les violences verbales
Ces violences sont utilisées par l’agresseur pour blesser sa ou son conjoint(e) à travers des mots et des intonations de voix. Ce sont des cris, des hurlements, des insultes, des silences et interruptions de parole ou encore des reproches utilisés pour contrôler, humilier, effrayer et déstabiliser la victime. Les violences verbales se produisent très régulièrement et créent un climat de tension et de peur, en laissant des séquelles psychologiques.
Les violences psychologiques
Ce sont des violences permanentes qui ont pour but de faire baisser l’estime personnelle de la victime et la rendre vulnérable. Elles comprennent, entre autres, les humiliations, la jalousie, le contrôle des vêtements et des déplacements, le chantage, le rabaissement, les tentatives d’isolement de l’autre, les menaces de s’en prendre à d’autres personnes aimées ou encore les menaces de mort ou de suicide. Ces violences peuvent pousser à la dépression ou au suicide.
Les violences sexuelles
En 2016, d’après la lettre de l’Observatoire des violences faites aux femmes – publiée par la mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains – 93 000 femmes ont été victimes d’une tentative de viol ou d’un viol. Dans 45% des cas, l’agresseur est leur conjoint ou ex-conjoint. Les violences sexuelles peuvent s’exprimer de nombreuses manières : harcèlement sexuel, attouchements, pénétration forcée (qu’elle soit digitale, vaginale ou anale, fellation ou cunnilingus forcés), insultes, humiliation ou brutalisation pendant un rapport sexuel… L’usage de la force n’est pas toujours systématique : lorsqu’un des deux partenaires se sent contraint d’avoir un rapport sexuel par “obligation conjugale”, il s’agit également d’une forme de violence sexuelle d’après l’article 222-22 du code pénal qui stipule que « constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise (…) lorsqu’ils ont été imposés à la victime (…) quelle que soit la nature des relations existant entre l’agresseur et sa victime, y compris s’ils sont unis par les liens du mariage ». Le sexe peut aussi être utilisé comme outil de punition, en refusant des contacts sexuels dans le but de dominer l’autre et d’arriver à ses fins.
Les violences économiques et patrimoniales
Le partenaire contrôle l’argent et les sources de revenus de l’autre. La victime est privée de ressources et doit demander à l’autre de l’argent pour s’acheter quelque chose. Ce type de violence peut aussi prendre la forme d’absence de compte en banque, d’obligation de tout payer avec son propre argent, d’endettement forcé, de privations matérielles, d’empêchement de travailler ou encore d’obligation de faire des choses illégales pour gagner de l’argent, comme vendre de la drogue ou se prostituer. La personne violente cherche à affaiblir son partenaire et à réduire son autonomie, en lui coupant toute indépendance financière, l’empêchant ainsi de se soustraire à la relation conjugale toxique.
Les violences sociales
Dans ce type de cas, l’agresseur tente d’isoler sa victime et de limiter ses contacts avec sa famille ou ses amis, par exemple en critiquant les personnes qui lui sont chères. La personne violente peut aller jusqu’à humilier l’autre en public.
Les violences administratives
Il peut s’agir, pour l’un des partenaires, de confisquer des documents officiels à l’autre : carte d’identité, passeport, permis, livret de famille, carte vitale, titre de séjour (comme l’explique l’association SOLFA (Solidarité Femmes Accueil) sur ses brochures) … C’est une manière pour l’auteur de s’octroyer du pouvoir.
Les violences sur les enfants
L’enfant peut être utilisé par le partenaire violent comme un moyen de pression. Ces violences peuvent prendre plusieurs formes : discréditation du rôle de parent, utilisation de l’enfant pour régler des conflits ou prendre parti, menaces, représailles, violences physiques, psychologiques ou verbales sur les enfants devant la victime.
La violence sur les animaux ou sur des objets affectifs
Cette forme de violence a pour but de blesser la victime en s’en prenant à des choses auxquelles elle tient. La personne violente peut torturer ou tuer un animal mais aussi détruire des objets, photos, meubles qui ont une valeur affective pour la victime, d’après l’Association Solidarités Femmes.
Cette liste a été établie grâce aux ressources de plusieurs associations qui viennent en aide aux victimes. Les violences conjugales peuvent survenir à n’importe quel âge, dans n’importe quel milieu socio-économique, sans distinction de nationalité, de culture, de religion ou de situation de couple. Un même individu peut être confronté à une ou plusieurs formes de violences conjugales, l’entrainant dans un cercle de violence dont il est difficile de sortir. En France, en 2016, 225 000 femmes entre 18 et 75 ans ont affirmé avoir été victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur compagnon ou ex-conjoint. Parmi elles, moins d’une sur cinq a déclaré avoir porté plainte.
Camille BRONCHART