Le 29 mars dernier, 11 jours après le début du confinement, la secrétaire d’état chargée de l’égalité femmes-hommes annonçait la mise en place de « points d’accompagnement éphémères » à destination des femmes victimes de violences conjugales. L’heure est désormais au bilan et aux perspectives d’avenir.
Huit points d’accompagnement éphémères ont assuré le relais des permanences d’associations pendant cette période de confinement dans les Huats-de-France. D’Arras à Grande-Synthe en passant par Villeneuve d’Ascq, ces dispositifs ont pris place dans les centre commerciaux des villes, dans des locaux prêtés.
Vigiles, employés des grandes surfaces, tous connaissaient l’existence de ce point d’accompagnement afin de pouvoir rediriger les femmes victimes. « Les vigiles étaient aussi là au cas où un individu aurait voulu faire une action violente. Ils ont été super ! », explique Juliette Fleahaut, juriste auprès de l’association Louise Michel.
Un dispositif méconnu…
Au point d’accompagnement du centre commercial V2 (Villeneuve d’Ascq), on a recensé 43 situations de violences conjugales déclarées, « appels et passages confondus », décrit la juriste. Un bilan relativement bas, bien qu’il n’y ait pas de précédent. « Il n’y a pas eu foule, ce qui n’est pas plus mal d’une certaine manière ! Mais ça pose la question de la visibilité de ces points d’accompagnements. Normalement, ici on reçoit pleins d’appels et on reçoit beaucoup de femmes ! », détaille Guy-Benoît Vanmarcke, éducateur spécialisé à l’association Solfa.
La plupart des femmes qui ont eu vent de ces points éphémères l’ont été, selon les trois structures, via la réorientation par des professionnels de santé ou des forces de police.
Au CIDFF (centre d’information sur les droits des femmes et des familles) de Lille, on estime que pour un tel dispositif, une campagne de communication d’au moins un bon mois aurait été nécessaire avant l’ouverture des points. Néanmoins, les associations s’accordent pour dire que le dispositif a fonctionné : « On a rempli notre mission qui était de trouver une solution pour ces femmes pendant cette période particulière », nuance ainsi Guy-Benoît.
… Qui ne remplace pas les structures classiques
« C’était un dispositif supplémentaire mais qui ne peut pas remplacer les associations », précise Marie Tessemier-Deboudt, directrice du CIDFF de Lille. Remarque approuvée par l’association Louise Michel et l’association Solfa. « Ça a quand même permis de trouver des solutions pour certaines situations. Mais parallèlement, les services écoute ont continué de fonctionner. C’était vraiment un plus, pas un substitut aux services classiques », ajoute l’éducateur de Solfa.
La plupart des points d’accompagnement de la région ont fermé leurs portes samedi 9 mai, un arrêt un peu abrupte pour certains. Pour d’autres, ces lieux n’ont plus lieu d’être étant donné que les associations ont réouvert … en partie. Pour les trois associations, le travail reprend à la fois en présentiel et en télétravail afin de garantir le respect des gestes barrières dans les locaux.
Selon la DRDFE (direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité) des Hauts-de-France, le point de V2 est celui qui a le mieux fonctionné. Pour les autres, la moyenne est à trois situations prises en charge. Et ce, malgré une campagne de communication massive. « C’est un peu timide mais en revanche nous avons pu sensibiliser énormément de personnes sur le sujet. C’était un des principaux objectifs », ajoute Fantine Klavzer en service civique à la DRDFE.
Quid de l’avenir ?
« C’est vrai qu’on se pose la question de réitérer cette expérience. On se pose des questions : est-ce qu’en temps normal ces personnes seraient venues ? Est-ce qu’elles sont venues parce que c’était à V2 ? », s’interroge Juliette Fleahaut. Ces questions trouveront des réponses plus tard, quand les associations auront repris une activité « normale ».
Le plus souvent, les situations qui ont été gérées par le point d’accompagnement de Villeneuve d’Ascq étaient déjà connues des associations. Néanmoins, quelques nouvelles situations ont été révélées. « Nous craignons de voir arriver des situations graves désormais. On suppose qu’on va avoir beaucoup de cas à l’heure du déconfinement », explique le CIDFF.
Tous les points d’accompagnement ont fermé leurs portes le 9 mai, à l’exception de celui d’Amiens qui a fermé les siennes le 16 mai.
Pour rappel, Marlène Schiappa constatait début avril « + 32 % de signalements de violences conjugales en zone gendarmerie en une semaine et + 36 % dans la zone de la préfecture de police de Paris en une semaine également ».
Eglantine Puel
Memo :
- CIDFF de Lille : 03 20 54 27 66
- Association Solfa : 03 20 57 94 27
- Association Louise Michel : 03 20 47 45 15
- Le site de Solidarités Femmes : ici
- La liste des points d’accompagnement éphémères : centre commercial Auchan (Amiens-Dury / FERMÉ), centre commercial Auchan V2 (Villeneuve d’Ascq / FERMÉ), centre commercial Cora (Saint-Maximin / FERMÉ), centre commercial Auchan (Grande Synthe / FERMÉ), centre commercial Auchan (Arras / FERMÉ), Auchan Louvroil (FERMÉ), centre commercial Auchan (Noyelles-Godault / FERMÉ), stands tournants dans le département de l’Aisne (FERMÉS)
- Numéro d’urgence et écoute national : 3919