Hélène Fontaine est avocate à Lille. Sa spécialisation en droit de la famille l’amène régulièrement à défendre des victimes de violences conjugales. Une étape essentielle dans leur processus de reconstruction.
Elle se définit comme « à l’écoute et déterminée ». Hélène Fontaine a prêté serment pour devenir avocate en 1990. Depuis 2013, elle et son associée Stéphanie Lefebvre tiennent le cabinet Hestia, situé avenue du Peuple Belge à Lille. Depuis leurs fenêtres, elles ont une vue imprenable sur le Palais de justice.
Originaire de Marquise, près de Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais, Hélène Fontaine a toujours travaillé à Lille. Plus jeune, elle a d’abord envisagé une carrière de journaliste. Mais c’est vers le droit qu’elle s’est finalement tournée, parce qu’elle a « toujours voulu défendre les gens ». Un métier dans lequel elle s’engage pleinement. Aujourd’hui vice-présidente de la Conférence nationale des bâtonniers, elle a été plusieurs fois membre du Conseil de l’Ordre des avocats de Lille. Elle est aussi la première femme élue bâtonnier de la capitale des Flandres, en 2012. Pour tenir le rythme, elle a plusieurs sas de décompression : sa famille, un « socle » qui lui permet de « travailler dans l’équilibre », la lecture et la marche. Son maître mot : l’organisation.
Spécialisée en droit du travail et de la famille, Hélène Fontaine travaille actuellement sur quatre dossiers de violences conjugales. Un chiffre qui varie selon les périodes. Si elle reçoit majoritairement des femmes, elle a aussi défendu quelques hommes : « Dans mes dossiers, la femme victime se sent coupable et l’homme victime devient dépressif. » De ses 27 ans d’expérience, l’avocate a tiré plusieurs conclusions sur les mécanismes de violence au sein du couple : « Elles concernent tous les milieux et tous les âges. Et le problème de l’alcool est récurrent. »
« L’avocat accompagnateur »
Lorsqu’elle reçoit des victimes de violences conjugales, Hélène Fontaine a conscience du cheminement qu’il leur a fallu pour pousser la porte de son cabinet : « Elles le font via des associations d’aide aux victimes et ont réfléchi longtemps avant. » À chaque fois, elle insiste sur l’importance de porter plainte et sur le suivi psychologique : « Je le préconise très vite parce qu’il permet de travailler avec plus de sérénité. La victime comprend que ce n’est pas de sa faute. » Pour elle, ces dossiers ont une place à part « parce qu’on a aussi une détresse à gérer. On doit rassurer la personne, lui dire qu’il y a des possibilités juridiques. C’est l’avocat accompagnateur« . Un rôle qui lui tient à coeur : « Quand une femme désespérée vient dans mon bureau, j’ai envie de me battre pour elle. »
Malgré la « honte » et le « tabou » qui existent encore autour des violences conjugales, Hélène Fontaine constate des améliorations. Elle loue surtout le travail des magistrats, qui y prêtent selon elle une attention particulière : « Dans beaucoup de tribunaux, c’est une priorité. » Si les violences conjugales se traduisent encore au tribunal par de simples rappels à la loi, « il y a une protection maintenant ». Cette protection, Hélène Fontaine tient à la mettre en place le plus rapidement possible : « On essaie d’aller vite pour protéger la personne de son agresseur avec des procédures d’urgence, comme les mesures d’éloignement et les ordonnances de protection. » Aux victimes de violences conjugales, Hélène Fontaine a un message à faire passer : « N’ayez pas peur de parler. »
Margot TURGY