En France, 1 personne sur 10 est victime d’inceste. Que sait-on des séquelles de cette violence ? L’inceste ne s’arrête pas à l’acte. Les conséquences persistent à l’âge adulte. De nombreuses femmes victimes d’inceste se posent alors la question de fonder une famille. Comment ne pas reproduire les violences dont elles ont été victimes sur leurs propres enfants ? Qu’est-ce qu’un parent sain ? Quels gestes adopter envers mon enfant ? Vais-je reproduire les violences que j’ai subies ? Pour les femmes ayant été victimes, la grossesse peut alors se révéler être une épreuve violente, autant physique que psychique. Angoisses, douleurs, souvenirs qui ressurgissent… C’est un moment charnière, qui peut être traumatisant, et qui est souvent mal accompagné.
Sophia Antoine, activiste féministe, a été victime de viols par une femme de sa famille dans son enfance, elle est aujourd’hui maman. Pendant sa grossesse, elle raconte la dissociation, l’angoisse à l’idée de mettre au monde une petite fille. À la naissance de son enfant, la sur-protection, l’hypervigilance, la peur de soi. En janvier 2021, elle lance le #MeTooInceste. Depuis, des milliers de témoignages ont fleuri sur Internet.
Au centre hospitalier La Chartreuse de Dijon, un groupe de parole de victimes de violences sexuelles se réunit tous les mardis. Cette semaine, la thématique abordée est la suivante : Comment envisager la maternité après les violences subies ? Les langues se délient, les histoires se mêlent, toutes différentes, toutes minées par une enfance bafouée. Les futures mères ayant subi l’inceste ne sont pas des femmes enceintes comme les autres. Douleurs inexplicables, crises de panique, souvenirs qui remontent en flash.
À Lille, un groupe de sages-femmes se forment à la prise en charge de violences sexuelles dans l’enfance. Elles reconnaissent que, pendant trop longtemps, ces femmes ont été incomprises et délaissées. Aujourd’hui, il est temps que les professionnels de santé mesurent l’ampleur du problème, et leur apportent des solutions. L’inceste, en tant que problème de santé publique majeur, laisse des traces indélébiles dans la vie des victimes.
À travers ce documentaire, nous avons essayé de raconter ces histoires, encore méconnues, et pourtant partagées par tant de femmes. Ce projet a été réalisé par huit étudiants de l’École Supérieure de Journalisme de Lille, dans le cadre d’un atelier de documentaire traitant de violences sexistes et sexuelles, “Rompre l’emprise”.