Depuis 2008, le Centre Clotaire de Saint-Nicolas-lez-Arras, dans le Pas-de-Calais, accueille des auteurs de violences conjugales et leur propose un suivi socio-éducatif-psychologique. En lien avec le parquet d’Arras, la préfecture et la communauté urbaine d’Arras, il fait partie du projet « Home des Rosati », qui accueille et encadre des auteurs de violences conjugales pendant leur procédure judiciaire. « Home des Rosati » est aussi un centre d’accueil qui héberge ces mêmes auteurs pendant la mesure d’éloignement du domicile conjugal et de la victime, obligatoire depuis 2006 dans les cas de violences conjugales.
Qu’est-ce que le Centre Clotaire ?
Le Centre Clotaire est une association qui propose des groupes de responsabilisation et un suivi individuel aux auteurs de violences conjugales. Les groupes comptent entre deux et six hommes, venus de leur plein gré ou envoyés par le parquet, avant ou après leur jugement. Pendant un mois, à raison de trois soirs par semaine, le groupe se retrouve pour aborder les situations individuelles de chacun en lien avec les violences conjugales. L’éducatrice spécialisée Séverine Lescoutre et la psychologue Roxane Amyot tentent de leur faire admettre leurs gestes, eux qui sont souvent dans le déni. Le but de cette démarche est de protéger les victimes en brisant l’engrenage des violences et en aidant les hommes à se soigner.
Qui vient aux groupes de responsabilisation ?
N’importe quel auteur de violences conjugales, tant qu’il s’agit d’un homme. Contrairement aux clichés, les auteurs de violences conjugales ne sont pas tous des hommes. On trouve aussi certaines femmes, même s’il s’agit d’une minorité. L’équipe du Centre Clotaire a choisi de ne pas intégrer les femmes au groupe pour une raison simple : « Pour nous, les violences conjugales résultent souvent des représentations sexistes des hommes. Intégrer une femme au groupe ne serait pas productif, ni pour elle, ni pour les autres », commente Benoît Durieux, directeur du Centre. Mise à part cette distinction de sexe, les groupes sont hétérogènes : âges, origines socio-culturelles, professions… Tous les profils sont représentés, du jeune de 18 ans qui harcèle sa copine au grand-père de 80 ans qui frappe son épouse depuis toujours.
Pourquoi cela s’appelle-t-il le « Centre Clotaire » ?
Ce nom a été choisi pour répondre au nom d’un autre pôle de l’association Solidarité Femmes Accueil (SOLFA), Brunehaut. Brunehaut (547-613), reine des Francs, a fini sa vie tirée par les cheveux par le roi Clotaire II, juché sur son cheval. Clotaire et Brunehaut désignent donc un agresseur et sa victime.
Comment cela se passe-t-il exactement au Centre ?
Cette question, nous allons y répondre dans une série d’articles qui va suivre celui-ci. Pendant un mois, Matilde Meslin et Camille Bronchart vont suivre un groupe, du début à la fin de leur processus de responsabilisation au sein du Centre. Débuts hésitants, témoignages, questionnements… Rompre l’Emprise vous fait découvrir ce qu’il se passe derrière la porte du Centre Clotaire.
Matilde MESLIN
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